jeudi 26 juillet 2007

Jeudi, « dies horribilis »

Même lieu - Jour suivant - Temps beau... au seul moment où la nuit tombe.

Aujourd'hui, c'est jeudi. Et je cherchais depuis longtemps à exprimer tout le mal que je pense de ce jour.

Pour quelqu'un qui bosse dans la paperasse plus ou moins informatisée, la semaine est composée de deux périodes fondamentales : le week-end (dit période "cool") et le reste de la semaine (dit période "pôcool"). La loi de Murphy aidant, c'est la seconde période, la moins sympathique, qui nous prend le plus de temps.

Le reste de la semaine, ou semaine de travail, se divise en cinq jours. Chacun de ces jours influence chaque salarié de façon remarquable. Ainsi, lors de sondages effectués par votre serviteur sur une population de cadres, il est apparu qu'un de ces jours fait figure de crime contre l'humanité : le lundi. Je persiste cependant à croire que le monde ignore sciemment le vrai péril de la semaine : le jeudi. Voici donc, tant que le monde du travail ne me musèle pas, le vrai état des lieux des jours de la semaine de travail. Nous les classerons par ordre d'horreur croissante.

Vendredi : jour de la libération. En tant que veille du week-end, ce jour passe vite, très vite; il sert essentiellement à planifier les deux jours qui suivent. Il suffit de voir comment les gens s'habillent ce jour-là. Inutile donc d'entamer un projet un vendredi, surtout en début d'après-midi. Mieux vaut reporter tout début de quoi que ce soit au lundi matin. On en conviendra aisément : une semaine de travail idéale ne devrait avoir que des vendredis.

Mardi : jour de l'usure. Du fait du jeu des comparaisons avec l'odieux lundi, le mardi s'avère être un jour guère dramatique, tout au plus se veut-il morose. En effet, le salarié, totalement zombifié par le passage du lundi, ne ressent déjà presque plus rien, si ce n'est un vague début de fatigue que confirmera d'ici peu le mercredi.

Mercredi : jour de l'errance. Mercredi est très mal situé dans la semaine de travail puisqu'à égale distance de deux week-ends. Le salarié commence à s'épuiser avec deux jours de dur labeur derrière lui. Sa fatigue le conduit à mal raisonner et, dans son aveuglement, le salarié se met à espérer le vendredi. Grave erreur ! Voici notre homme maudit car il vient de négliger ici le jeudi et se met à utiliser des techniques aussi diverses que variées pour passer le temps jusqu'au mercredi soir...

Lundi : jour de la mauvaise nouvelle. Pour résumer les sentiments de ma population sondée, le lundi matin revient à se faire réveiller par immersion rapide dans un bain d'eau ne demandant qu'à geler. L'expérience vous permet entre autres de vous découvrir des instincts radioréveillicides et anticapitalistes primaires. Voilà ce qui arrive quand vous vous rappelez soudain que le travail vous attend et que toutes les bonnes habitudes de sommeil acquises le week-end peuvent aller se faire voir. Ironie du sort, notez bien que l'essentiel du travail qui vous attend est majoritairement constitué de tâches et de réunions reportées du vendredi précédant.

Jeudi : jour de l'attente (en fond sonore, des hurlements effrayés). Le jeudi fut inventé par un psychopathe qui, par peur de représailles, n'osa pas laisser son nom à sa création. Ce type doit probablement être celui qui créa le mercredi et qui fut pris d'une soudaine envie de pousser un peu plus loin sa créativité. Un perfectionniste du mal en somme. Pour célébrer cet événement, le salarié, victime éprouvée par trois jours d'activité, doit encore franchir cette épreuve ultime. Il lui faudra faire passer ou, pire encore, voir passer les minutes, les dizaines de minutes, les quarts d'heure, les heures... Car, oui, il faut arriver au vendredi, but ultime de la semaine fixé mercredi (but passant juste avant celui d'être rémunéré en fin de mois). Hélas, toutes les astuces utilisées pour faire passer un mercredi et à la limite un mardi sont inutilisables à nouveau : tout conspire donc à enchaîner l'homme à son bureau et à lui faire prendre la tête entre les mains pendant que le temps s'égraine au ralenti. Un ralenti qui d'ailleurs, invariablement, empire avec la journée qui s'écoule.

Pour revenir à ma p'tite personne, je ne puis qu'illustrer ce constat. Est-ce un hasard si un antivirus se lance sur mon ordi au boulot le jeudi après-midi ralentissant le moindre travail informatique et me faisant regarder l'heure avec appréhension ? Est-ce un hasard si toutes réunions de décideurs ont lieu le jeudi et que ces réunions aboutissent à l'annihilation de travaux faits les jours précédents ?

Edifiant, n'est-il pas ? Et après, qu'on n'aille pas dire que j'écris n'importe quoi ! ^_^


Note pour plus tard : faire passer l'expression « l'éternité, c'est surtout long vers le jeudi » dans le langage courant.

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