jeudi 26 juin 2008

Ecce Homo... economicus

Aujourd'hui, j'ai pu observer trois devins des temps modernes : des experts en économie. Une caste prestigieuse et respectable que celle-ci... du moment que ces représentants se taisent. Hélas, en ces temps où tout fout le camp à vitesse grand V, ces trois surdoués ont réussi à m'ôter toute idée de respect à leur encontre en moins de deux heures de discussion fumeuse.

Afin de bien situer le niveau de mes conclusions, permettez-moi ici de donner une définition toute personnelle de cette profession pour le moins occulte.

Expert en économie (n.m.) : personne qui cite les anecdotes et les chiffres d'autres experts en économie.

Ainsi donc, mes trois exemplaires de démonstration ont procédé, comme la première commère venue qui lirait la presse économique, à une fastidieuse description du prix du pétrole, de la crise alimentaire, des subprimes, des banques centrales, de l'inflation et d'autres sujets mondains. Mais ils l'ont fait avec une telle indifférence et une telle morgue que cela faisait frémir vot' serviteur : que des hommes crèvent de faim, qu'ils soient payés au lance-pierre ou qu'ils soient réduits à la misère, cela ne pose pas de problème du moment que survivent l'Entreprise, le Pognon et la Croissance...

Cependant, cette première critique est facile : notre trio ne se distingue pas ici de tout un tas d'autres imbéciles encravattés. Là où ils font tâche, c'est lorsqu'ils évoquent le futur, centre de leur expertise.

Saviez-vous que la meilleure prédiction que l'on puisse faire à peu de frais du temps de demain est de dire qu'il fera le même temps qu'aujourd'hui ? Voilà en tout cas la méthode retenue par nos trois rois mages pour décrire l'avenir : «tout va bien/mal et tout ira encore bien/mal dans les mois à venir». Et on cite alors des situations similaires d'il y a 20 ans et on fait la preuve par trois avec une savante description des prix du riz en Chine et de l'influence d'un taux de croissance sur la victoire des démocrates aux Etats-Unis d'Amérique (dans ce dernier cas, ils ne plaisantaient même pas).

LEs trois pingouins de la sagesse - http://fliepsiebieps.deviantart.com/art/See-No-Evil-3-Wise-Penguins-71274670
À cette absence de vision du monde se combine une totale mauvaise foi de ces trois ours pouvant être résumée par un «je vous l'avais bien dit il y a six mois». Personne ne dispose en effet du privilège de pouvoir toujours se tromper. Une discussion avec d'autres interlocuteurs m'a d'ailleurs démontré que ces trois singes (pour les trois pingouins, voir ici) avaient aussi prévu un prix du pétrole à un niveau quatre fois plus faible que ce qu'il est en réalité. Mais peut-être est-ce un détail dans le contexte actuel...

À un moment, ce baragouinage de Mmes Irma sous emphétamines m'a pourtant fait sourire. L'un des membres de la triade, truffant son discours pompeux d'anglicismes déplacés pour qui sait que la langue française dispose de plus d'une centaine de mot, a négligemment placé un «okish». Du coup, un p'tit «tous les acteurs sont aux quiches», ça vous sauve presque d'une envie pressante de sortir de la pièce où s'écoutent jacasser les économeux.


Note pour plus tard : apporter un passe-temps quelconque lors de la prochaine réunion.

lundi 23 juin 2008

Un changement en cours

Il y a huit jours, en attendant à une caisse d'une FNAC, j'ai mis la main sur un p'tit bouquin titré «L'art de la simplicité». Je l'ai acheté par curiosité (ou peut-être par compulsivité, allez savoir). Une heure plus tard, je découvrais que ce bouquin avait été écrit pour des femmes : certaines sections évoquaient la bonne tenue d'un vanity case et le choix d'un sac à main. ^_^

Cela ne m'a pourtant pas empêché de le lire — en sautant la partie sacs à main tout de même, ch'suis pas fou. Résultat des courses : l'ouvrage ne tient pas du livre du siècle. Souvent répétitif (la base d'une bonne pédagogie ?), un peu extrêmiste et parfois contradictoire, il gagnerait à être beaucoup plus court.

Il n'en reste pas moins que j'ai décidé de reprendre à mon compte quelques conseils de cet ouvrage, juste pour voir si cela pourrait avoir l'impact radieux tant promis à longueur de texte. J'ai retenu essentiellement les conseils traitant de la simplification de la vie courante par la diminution du nombre d'objets m'entourant, ceux traitant de l'organisation de l'intérieur d'une maison et ceux traitant des corvées domestiques.

Voilà donc une semaine que je jette quelques objets finalement encombrants (modems, pharmacopée datée), que j'en placardise d'autres pour alléger mes étagères, que je range, que je trie. Oui : une semaine que je fais attention à mes corvées quand je les fais (en suivant ainsi, selon le livre, des préceptes zen... sans pour autant m'amuser avec des tas de sables ou des salières).

Salière inventive - http://zeneece.deviantart.com/art/Zen-Salt-Garden-25929659
Et ça marche au-delà de mes espérances ! Plus l'espace autour de moi se vide et se concentre sur quelques objets, plus j'ai l'impression de disposer de temps. Je me suis même débarrassé dans la foulée de formalités administratives diverses, de mes impôts (presque avec plaisir). Imaginez : les plantes sont arrosées régulièrement, la vaisselle traitée dès qu'elle est posée près de l'évier. La révolution, en somme.

Fait significatif, ma mère a manqué de défaillir lors d'une visite ce samedi. La vision de ma pièce dans le nouvel esprit (pas forcément très différent de l'ancien, juste plus épuré) a suffi à lui faire marquer un sérieux temps d'arrêt.

Expert en projets et autres bonnes résolutions qui ne tiennent pas plus de trois semaines, je vais maintenant tenter l'impossible : passer en mode réflexe sur ce comportement. Selon l'ouvrage, un comportement répété pendant un mois devient une habitude. Qui sait : le p'tit noteur nouveau va peut-être débarquer dans quelques semaines !


Note pour plus tard : vérifier si le p'tit noteur nouveau, quand il arrivera, écrira plus de p'tites notes. ^_^

dimanche 15 juin 2008

Découverte fâcheuse

Enfin les résultats du sondage si fameux !


De toute évidence, la conclusion s'impose : je suis lu par des Normands. La honte. ^_^

dimanche 8 juin 2008

L'inattention crée les génies

Je cherchais aujourd'hui une citation bien tournée sur le thème du choix. Et voici que je tombe sur ce pan de civilisation :

« Le seul mauvais choix est l'absence de choix. »

Amélie Nothomb, Métaphysique des tubes.



N'ayons pas peur de le dire : il s'agit de la phrase que j'ai fait suivre. Efficace, courte et sans doute sensée. Sauf que... c'est évident. Bon sûr mais c'est bien sang ! Pourquoi personne ne l'a écrit avant ? On manquait pas de génies ou de spécialistes du pragmatisme appliqué à la vie quotidienne auparavant. Enfin je crois.

De fait, en cherchant bien, il faut qu'une des explications suivantes soit la bonne :
  • personne n'a pensé à poser cette idée sur le papier puisque c'était justement évident. Pas de quoi gagner les faveurs d'un prince ou une postérité fameuse avec une évidence.
  • cette phrase est un incontournable : tout auteur l'a mis dans un de ces bouquins... Le dernier qui l'a écrit en est gratifié.
  • les experts des citations de l'époque n'ont jamais trouvé cette phrase grandiose, perdue qu'elle était au milieu de perles d'un tout autre niveau.

N'empêche, X millénaires de culture pour dire cela juste maintenant... On doit reconnaître d'une manière ou d'une autre le génie de Mlle Nothomb : ou pour avoir dit l'évident après tant de siècles de recherche (à une époque où la culture simple fait mouche) ou pour avoir «breveté» la phrase que tant d'autres ont ignoré.


Note pour plus tard : trouver une phrase débile pour passer à la postérité, surtout une phrase qui existe déjà en la modifiant à peine. Peut être un proverbe :

« Pingouins dans la rue, hiver bourru. »

« Pingouin bouillu, pingouin foutu. »

Le P'tit Noteur, Les p'tites notes.


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