vendredi 21 septembre 2007

Sans informatique, point de vie trépidante

21h16, Paris. Sept personnes cogitent dans un bureau. Les bons observateurs noteront ici la présence de carambars, mis à la disposition de tous. Ce signe ne trompe pas : il s'agit là d'une situation de crise. Depuis une bonne heure, la pièce — autant dire le monde entier pour ces sept personnes — a basculé dans une ambiance de cauchemar.

Un responsable informaticien, bidouilleur génial parlant un langage plus cryptique que du Lisp, s'est déplacé pour l'occasion et participe à la scène. Son avertissement, pour une fois, a été clair : faut lui envoyer les données avant 21h22, dernier délai. Sinon, même lui ne pourra nous aider face aux semi-divinités responsables de la planification des travaux sur la Grande Machine au centre du système informatique. Derrière cela plane une autre menace obscure et effrayante : si ça ne passe pas... on n'ose même pas imaginer.

Les réactions de présents sont épidermiques. La chef a pris son parti de suivre le match de rugby France-Irlande en ligne et tente de se faire une raison sur la suite fatale des événéments. Une autre personne du service commence un travail annexe pour corriger une légère anomalie et, plus vraisemblablement, pour ne pas voir l'horreur se produire sous ces yeux. Quatre d'entre nous ont cependant choisi le duel avec la bête, observant et commentant les réactions d'un ordinateur astucieusement sous doté en capacité de traitement par notre société. Nous fixons l'écran et espérons que ce $@#%& de logiciel va enfin accepter d'obéir. Un nouvel essai, probablement le dernier possible, est fait.

Il faut que ça passe ! Ne serait-ce que pour éviter au gars devant le clavier de vouloir se manger les mains par dépit. Le temps s'écoule, solennel. Nos yeux suivent des barres de progression et un sablier qui tourne, tourne, tourne... Plus personne ne cause. La tension ne montera guère plus (sauf à ce que quelqu'un hurle à la mort). Tout est suspendu à une ridicule animation de pointeur de souris.

Et voilà que le sablier disparaît ! Quel choc atroce, ce vide soudain. Nos cerveaux fondus détectent lentement l'anormale normalité. Pourtant, nous devons l'admettre enfin. C'est fini ! Tout a enfin daigné fonctionner, sans erreur ! Deux semaines de travail intensif se terminent trois minutes avant le moment fatidique. Enfin, nous avons pu faire insérer quelques milliers de lignes de précieuses données dans une table par Access...


Note pour plus tard : ne plus jamais exercer un travail où Access joue un rôle à un moment crucial.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellent, cette tranche de vie, tellement bien décrite que je m'y serais cru !

Quand même, j'ai ouï dire que tu ne travaillais pas spécialement dans une épicerie, seule entité économique suffisamment petite pour laquelle un "logiciel" tel access pourrait être utilisé pour l'inventaire du rayon kig a farz.

Je crois bien que tu as pas mal de chantiers de migration informatique pour éviter de périr d'une overdose de carambar... et encore, vous n'avez pas encore fait péter le kouign amann. ça se sera pour quand vous aurez à gérer des bases sous notepad qui, quoique rudimentaire, paraît plus fiable qu'access.