jeudi 13 septembre 2007

Bizutage

Une collègue de travail rentre dans mon bureau avec un grand sourire. Comme dans une séquence d'un téléachat vantant un délicat épluche-kiwi chromé de 15 kilos, un tel sourire ne peut guère qu'accompagner qu'un crime contre l'humanité (ou la kiwicité). Ici, deux ramettes de papier A4 couvertes de chiffres.


Après avoir soupesé la bête de mes p'tits bras virils (parce que velus plutôt que musclés), j'écoute cette collègue m'annoncer avec un air de compassion feinte que je dois traiter ce tas de feuille, en négligeant de dire comment.

Quelques minutes après, en en parlant brièvement avec un autre chef d'équipe, je vois ce dernier hocher la tête avec un «la dernière fois que je l'ai fait, ça m'a pris une semaine». Poliment, je hoche la tête... un peu surpris mais pas effaré.

Une heure après réception du colis et évacuation des tâches courantes, je me prépare donc à attaquer la bête. D'ailleurs, cela tombe d'ailleurs très bien : le chef de ma chef a envoyé un message sur le sujet pour dire combien cette année il ne fallait pas se louper avec ce listing.

Ici intervient mon passé sombre, mystérieux et traumatisant d'étudiant breton. Lors d'un stage de six mois sur l'île de Guernesey, armé d'un crayon gris et d'une gomme, je devais quotidiennement pointer (au propre et au figuré) de longues feuilles de données pour les valider... Guernesey a gardé de moi des dizaines de milliers de points sur des feuilles. Par comparaison, les deux ramettes, «piece of cake» ! Je confesse cependant qu'un réflexe me fit photographier ce tas de papier pour blog'noter sur le thème de «mon métier, c'est pô une vie».

Lorsque la collègue me voit donc revenir pour lui demander sereinement comment on s'attelle à ce boulot, elle me dissuade vite. Elle ne peut tenir plus longtemps : tout cela n'était qu'une blague, qu'ils s'attendaient tous à me voir pester - chef de ma chef inclus - et qu'ils en avaient apparemment eu pour leur frais.

Le bizutage a ainsi échoué !

Victoire... enfin presque. Car j'ai surtout montré une capacité fâcheuse à ne pas contester des ordres débiles. Je parie volontiers que tout ceci va me permettre de récupérer toutes les tâches ingrates... Aaargggggg ! ^_^


Note pour plus tard : penser à me forger le réflexe conditionné de systématiquement hurler de terreur lorsque je vois une ramette de papier.

Aucun commentaire: