samedi 11 juin 2011

Quelques heures dans la peau d'un hamster

Loin de tout, rue d'Ulm, au niveau des sous-sols en travaux de l'ENS, dans une p'tite salle perdue uniquement accessible par un SAS et où se retrouve un caisson métallique dans lequel vous vous trouvez, il est clair qu'on ne vous entendra pas crier.

Suite au message d'Euterpe vous recommandant de faire des expériences de psychoacoustique, vous voici face à une apprentie scientifique qui vous explique ce qui vous attend dans la boîboîte avec son casque, son écran d'ordi et son clavier. Des séries de tests à effectuer. Dans vos oreilles, deux sons se suivent : lequel est le plus aigu ? Au bout de quelques tests, vous triomphez aisément ! Pas moins de 95% de réussite !

Passons donc à la série de tests suivante ! Là, dix sons sont envoyés à votre oreille droite. La séquence contient-elle deux sons consécutifs de même hauteur ? Voilà qui semble un peu plus tordu et pourtant vous vous en sortez bien. Une quarantaine de séquences se suivent et tout va pour le mieux. La scientifique débarque et indique que l'expérience va changer. C'est toujours l'oreille droite qui compte mais avec en plus des séquences de sons parasites débarquant à l'oreille gauche. Pour le coup, la concentration n'est pas de trop. Heureusement, vous vous en sortez à peu près bien.

Imperturbable, la scientifique revient et vous annonce que vous êtes maintenant entraîné et que le vrai test commence. Tout ceci n'était qu'une mise en bouche. Une séquence de 10 sons à l'oreille droite puis deux sons. Il faut alors dire quel est le son le plus aigu puis dire si il y a eu deux sons consécutifs dans la séquence des 10... Bien entendu, la séquence à l'oreille droite est perturbée (ou pas) par des sons à l'oreille gauche. Et la scientifique de conclure : «il y a deux grandes séquences de 200 tests chacune à effectuer. Cela devrait vous prendre une bonne heure. À tout de suite !».

Jean-Alphonse, de la boîte acoustique voisine
Photo (site de VEBO)

Vous vous souvenez ? Vous ne pouvez pas crier. Non. Vous devez prendre votre mal en patience. Vous faites les tests, sentez votre tête qui tourne, mélangeant allégrement les oreilles, les sons, les réponses. À la fin de la séance, votre cerveau vous semble tartiné contre votre crâne et l'air frais vous manque.

Heureusement, vous vous dites que vous êtes libre, que jamais vous n'aurez à subir ce test à nouveau. Allez savoir pourquoi, c'est le moment que choisit la scientifique pour vous dire : «dans de deux semaines, même tests avec l'oreille gauche !».


Note pour plus tard : la prochaine qu'on me demande de servir la science, même si c'est ma grande joie, JE RÉFLÉCHIS !

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