Une fois entré, comment comprendre un tel pavé d'histoire sans guide et avec des souvenirs d'histoire aussi pointus qu'un bloc de beurre ? Pour ma part, j'ai travaillé avec les moyens du bord et un sens de l'observation aiguisé. De fait, je savais que la basilique Saint Denis sert essentiellement à entasser nos rois de France. Mais je devinais que la basilique devait être plus que cela. J'arrivais vite à la conclusion évidente : Saint Denis s'avère être un institut médico-légal royal. La preuve, en image.
Henri XII, Thoutmosis IX, Anonymous IV ou Malcolm X ?
Vous en connaissez d'autres des endroits où l'on trouve des personnes allongées qui ne bougent pas d'un pouce placé comme cela ? Moi pas.
Certains esprits chagrins pourraient ici chercher à me contredire en indiquant que ces statues n'ont aucun caractère médico-légal et servent d'hommages aux rois. À cela je réponds : mon oeil ! Contractuellement, les rois ne sont représentés qu'avec l'option «grandeur» : Bidule IV écrasant les Saligoths, Bidule IV faisant justice en coupant un gamin en deux, Bidule IV couronné Empereur de Pré-Poméranie Sud-Madrilène... Jamais on ne vit Bidule IV se brossant les dents ou Bidule IV perdant à la belote. Donc encore moins Bidule IV refroidi. Voilà qui ferait mauvais genre.
Et puis replaçons-nous dans le contexte de l'époque. Voici qu'un roi meurt. Monarchie oblige, le fils, le frère, le cousin anglais, la reine, le cardinal, Mlle Rose ou le Duc de Bourgogne [Cocher la ou les bonnes solutions] ont aidé de près à cette fin prématurée. Comment savoir alors qui a fait le coup ? Comme tout bon téléspectateur le sait, on envoie aussitôt le ou les morceaux royaux à la morgue pour étude et déterminer avec précision que le meurtrier est l'ignoble Bourgogne avec le chandelier dans la bibliothèque.
Rappelons-nous cependant qu'à l'époque Jean-Luc Frigo n'avait pas encore développé son concept génial. Du coup, à l'arrivée du trépassé suprême plus ou moins frais à Saint Denis, on appelait le graveur-légiste pour faire une copie précise de la victime souveraine. Sait-on jamais : un jour peut-être pourrait-on déterminer que l'angle de 6,7° entre l'axe du cou et du thorax indique une strangulation d'un individu de corpulence moyenne avec un titre de noblesse et un accent bourguignon.
Voilà, vous savez presque l'essentiel de ce qu'il y a à savoir sur les enquêtes criminelles menées à Saint Denis [pour éviter de rallonger ce message, je néglige en effet d'évoquer les rediffusions d'enquêtes pour divertir le bon peuple de Saint Denis]. Avant de vous laisser reprendre vos activités, je souhaitais vous soumettre un dernier document sur une enquête non élucidée. À vous de jouer : peut-être réussirez à trouver le coupable qui, sans aucun doute, court toujours.
Note pour plus tard : entamer une carrière de guide.